Je vous ai dit que la néolithisation ne se produisait pas en un unique lieu mais au contraire en divers endroits du monde, avec plusieurs foyers primaires, à partir desquelles l’économie, le mode de vie néolithique va se diffuser à de très nombreuses régions du monde.
Ce sont donc ces différents foyers et leurs principales diffusions que nous allons voir. Et nous allons donc faire un tour du monde en moins d’une heure.
Ce tour du monde ne sera pas tout à fait complet car je ne vous parlerai pas ici du Proche Orient qui est l’un et sans doute le foyer primaire le plus ancien et le mieux connu et celui qui va intéresser l’Europe. Nous y reviendrons donc en détail dans le prochain cours.
Un mot quand même, sur le Proche Orient, pour vous fixer les idées.
Au Proche Orient, le processus de Néolithisation est à la fois très ancien et très long, puisqu’il s’étend entre 12000 et 7000 avant notre ère.
Il commence avec la sédentarisation et s’achève avec l’apparition de la céramique.
La région concernée est en même temps très vaste puisqu’elle couvre ce que l’on a appelé le Croissant Fertile depuis le levant méditerranéen (Syrie, Liban, Israël, Palestine et Jordanie) jusqu’au sud de la Turquie vers le nord et à l’Est jusqu’à l’Irak et à l’ouest iranien.
Nous y reviendrons et nous commençons maintenant notre tour du monde par l’Afrique.
La Néolithisation de l’Afrique demeure méconnue en raison de la faiblesse des recherches sur des sites fiables. De nombreux sites des régions sahariennes ou sahéliennes actuelles se présentent en effet comme des sites de surface où il est difficile de mesurer l’homogénéité des vestiges et d’obtenir des datations.
En raison aussi de l’historique de ces recherches, avec de très nombreuses régions qui sont restées fermées aux archéologues pour des problèmes d’accès, de guerre ou autres.
En raison encore de la rareté des synthèses entre des opérations archéologiques réalisées par des équipes venues du monde entier – l’esprit de la colonisation n’a, en effet, pas encore disparu en Afrique.
En raison enfin de certaines découvertes, en particulier des datations très anciennes pour le Néolithique dans certaines régions qui ont évidemment été vivement contestées. L’existence d’un réel foyer de néolithisation en Afrique est par ailleurs encore discutée, même si elle est très probable.
Ce qui va nous intéresser, c’est seulement une grande moitié nord de l’Afrique. L’Afrique centrale et l’Afrique du sud restant en marge de la Néolithisation ancienne au sens stricte, puisque les pratiques de l’économie de production n’y sont soit jamais développées, soit développées tardivement en même temps que les techniques métallurgiques… au contact de peuples présentant des niveaux de civilisation avancés.
Dans l’Afrique du nord donc 3 grandes régions néolithiques sont distinguées :
- Le Néolithique méditerranéen qui s’étend le long de la côte méditerranéenne et atlantique et qui correspond au même développement néolithique que l’Europe méridionale.
- Le Néolithique de tradition capsienne, au sud, des hauts plateaux du Maghreb jusqu’au tropique du Cancer.
- Entre le sud du Sahara et la forêt équatoriale, le Néolithique Saharo-Soudanais auquel on peut ajouter le Néolithique de la vallée du Nil.
Sur la côte méditerranéenne, à partir du VIIe millénaire avant notre ère : les sites livrent une industrie lithique pauvre, mais un matériel de broyage abondant et de très nombreuses céramiques qui font supposer l’existence d’une agriculture. Des ossements d’animaux sont attribués à des espèces domestiques.
En fait, on sait toujours peu de chose sur ce premier néolithique des côtes nord-Africaines.
Les théories les plus récentes, envisagent une néolithisation de ces régions à partir de la Péninsule Ibérique. Il ne s’agit donc pas d’un foyer primaire mais du résultat d’une diffusion.
La Néolithique de tradition capsienne apparaîtrait de façon progressive à partir du Capsien qui est une culture de l’épipaléolithique du Maghreb.
Au départ ça n’est qu’un voile de Néolithisation (présence de mobilier spécifique) dans un contexte caractéristique des phases antérieures qui est appelé Capsien néolithisé.
La céramique présente dans ces ensembles est proche de celle du Néolithique méditerranéen sur la côte qui pourrait donc être à l’origine de la néolithisation de ces régions.
Il ne s’agit cependant pas ici d’une colonisation directe par des populations néolithiques venues du littoral mais plutôt d’une acculturation progressive des populations locales vivant en marge des premières zones néolithisées.
Le dernier ensemble est le plus vaste, le plus compliqué et sans doute le plus intéressant. En fonction de sa place géographique on le désigne comme le Néolithique saharo-soudanais.
Il s’étend de la vallée du Nil jusqu’à la Mauritanie, et il ne s’agit sans doute pas d’un ensemble homogène mais d’un état actuel de la recherche.
Dans la littérature scientifique d’il y a quelques années, on peut trouver les éléments suivants :
L’agriculture y est attestée par la présence de restes végétaux (essentiellement du millet).
Des sites assez anciens sont connus dans certains secteurs avec des datations parfois discutées.
La phase la plus ancienne de ce Néolithique, actuellement connue est datée du dixième millénaire avant notre ère, et se trouve non à un bout de cette vaste région mais au contraire en plein centre : dans l’Aïr sur le site de Temet ou Termit.
Dans le Hoggar, d’autres sites très anciens sont connus où apparaissent la céramique dès les premiers niveaux. Ces céramiques portant un décor de vagues pointillées caractérisées par une technique que l’on appelle Wavy line.
Dans le Tassili’n’Ajjer, le site de Tin Hanakaten présente un niveau néolithique daté entre le VIIIe et le VIIe millénaire avant notre ère. L’économie y serait fondée sur l’élevage et peut-être l’agriculture.
Dans cet ensemble de cultures, l’art rupestre occupe une place très importante sur laquelle nous reviendrons à la fin de l’année.
Aujourd’hui on pense que le processus de néolithisation est sans doute long et non uniforme. La céramique et le matériel de broyage apparaissent dans des contextes de chasseurs-collecteurs, non encore néolithiques dès le IXe millénaire. Il faut sans doute attendre le VIIe millénaire pour voir se développer l’élevage bovin dont les origines autochtones ou étrangères sont encore discutées. La réelle agriculture ne semble se développer que bien plus tard.
Dans cette vaste région saharienne, on s’accorde donc aujourd’hui à identifier un Néolithique dès le VIIe millénaire, avec de la céramique et dans certains secteurs un élevage bovin.
Dans la région du Nil, en Egypte et au Soudan, région qui a bénéficié de nombreuses recherches, la transition entre les peuples de chasseurs-collecteurs et le Néolithique est plus détaillée, assez compliquée et encore discutée. Nous ne la détaillerons pas mais je peux vous en montrer les principales cultures :
La culture de Mérimdé à l’extrémité du delta du Nil est l’une des premières, au Ve millénaire avant notre ère, qui présente des traits néolithiques comme une probable sédentarisation avec des villages déjà organisés ainsi que l’agriculture et l’élevage ainsi que la céramique.
Toujours en Egypte, dans le bassin du Fayoum, la culture du même nom qui entre 5000 et 4000 avant notre ère connaît la céramique et un élevage avec le bœufs, les moutons, les chèvres et le porc.
Ces deux cultures peuvent sans doute être mise en relation avec la néolithisation du Proche Orient, très proche. Il n’en est pas de même avec les cultures situées plus au sud, dont l’origine est peut-être à chercher ailleurs.
En Haute Egypte, il s’agit de la culture de Badari qui est datée de la deuxième moitié du 5e millénaire. Celle-ci est très développée avec tous les éléments du Néolithique et déjà une première métallurgie.
Encore plus au sud, au Soudan actuel, on connaît pour le 4e et le 5e millénaires des peuples de pêcheurs-chasseurs semi-sédentarisés qui utilisent une céramique à décor de vague la wavy line dont on n’a parlé tout à l’heure pour le sahara central. C’est la culture de Khartoum.
La phase ancienne de cette culture appelée Early Kharthoum pourrait remonter jusqu’à 7000 avant notre ère.
On a longtemps fait progresser le Néolithique d’Est en Ouest à travers l’Afrique, avec les céramiques décorées de type wavy line par exemple.
Il faut aujourd’hui réfléchir différemment et envisager, à partir des datations disponibles à l’existence de foyers de néolithisation proprement saharien qui ont pu diffuser vers l’ouest mais aussi vers l’Est.
Vous savez, ou vous ne savez pas d’ailleurs, ce qu’était les régions du Sahara central à l’Holocène, c'est-à-dire l’époque géologique du développement de l’agriculture.
Ces régions n’étaient absolument pas désertiques mais offraient un paysage tout à fait différent, non pas une forêt tropicale mais probablement une savane parsemée de petit lacs permanents ou non et peuplée de nombreux animaux que l’on retrouve en abondance dans l’art rupestre de ces déserts aujourd’hui arides.
Il faut bien avouer que la Néolithisation de l’Afrique demeure encore aujourd’hui méconnue. Des développement précoces y sont probables, néanmoins les recherches récentes tendent à montrer l’origine proche-orientale de certains animaux domestiques présents en Afrique : la Néolithisation y serait donc un phénomène complexe à la fois fait d’inventions et d’adoptions successives mais aussi d’origines multipolaires.
Si l’on regarde maintenant vers l’Asie, on va trouver des situations très contrastées selon les régions. Nous allons voir rapidement, les cas de l’Inde, de la Chine et du Japon.
Concernant l’Inde, le nord-ouest du sous-continent voit apparaître dès la fin du VIIIe et le début du VIIe millénaire un proto-néolithique pastoral sans céramique, avec des constructions en briques crues et l’élevage probable de la chèvre et peut-être le début de la culture de l’orge. Le site le plus remarquable est celui de Mehrgarh qui dure de cette époque jusqu’en 2600 avant notre ère couvrant jusqu’à 300 hectares, une vraie ville rapidement donc avec sa grande nécropole.
L’agriculture de l’orge et celle du blé s’intensifient vers 6000 avant avec l’élevage de moutons et de bovins.
La céramique y apparaît vers 6000 - 5500.
Actuellement, il est cependant difficile de préciser si cette néolithisation de la région de l’Indus correspond à un réel foyer primaire ou à une diffusion à partir du Proche Orient.
En revanche, la Chine représente l’un des grands foyers précoces de Néolithisation.
En réalité, la Chine comporte probablement plusieurs foyers distincts de néolithisation, peut-être même 4 ou 6 avec pour le sud-est de la chine, une grande transition du Mésolithique au Néolithique datée entre 10000 et 8000 avant notre ère.
A cette première phase, l’agriculture et l’élevage ne sont pas attestées mais apparaissent conjointement la céramique et l’outillage lithique poli.
La seconde phase entre 8000 et 7000 voit l’apparition réelle du Néolithique même si l’essentiel de l’économie reste fondé sur la collecte et la chasse, avec la domestication du porc sur au moins un site bien daté et des « manipulations » de certains tubercules.
En chine du nord, le Néolithique est attesté entre 6000 et 5000 avec les cultures de choux, chanvre, colza et millet et la présence de caprinés et surtout de porcs domestiques. L’origine locale ou non de la domestication des caprinés est encore discutée.
Dans ces régions un habitat semi-sédentaire ou sédentaire, l’usage de la céramique et de l’industrie lithique polie sont aussi attestés à la même époque.
Des figurines en terre cuite représentent des têtes de moutons et de chèvres.
Tout ce néolithique semble bien avancé et traduit l’existence d’expériences plus anciennes.
Sur certains sites rares, on observe la présence de porc domestique et de millet dès 8800 à 7700.
Dans de nombreuses régions la céramique se répand ou se développe sans l’économie de production entre 6000 et 5000.
Le site de Banpo entre 6000 et 5000 avant notre ère est le mieux connu du Néolithique chinois. Il s’agit d’un village qui a pu être fouillé et conservé sur une grande surface. Il appartient à la culture de Yang Shao.
En Chine centrale enfin, dans la région du Yangzi, nous observons sans doute une domestication ancienne du riz attestée sur plusieurs sites de la culture de Pengtoushan entre 7000 et 5000 avant notre ère avec un habitat probablement sédentaire, la poterie, et le mouton et le porc probablement domestiques.
Mais les expériences de manipulations du riz pourraient remonter en Chine d’après des découvertes encore isolées à près de 10000 ans soit vers 8000 avant.
Sur l’Asie du sud-est, vous trouverez sans doute dans la littérature des mentions sur la péninsule indochinoise avec en particulier quelques sites comme Spirite Cave en Thaïlande qui a donné une série de plantes considérées comme domestiques et datées entre 10000 et 6000 avant. Aujourd’hui ces datations sont assez contestées et la néolithisation de ces régions demeure méconnue.
Au Japon, les cultures proto-jomon et jomon s’étendent de 10000 à 300 avant. La céramique est présente dès le début de ce cycle culturel qui est très stable dans la durée et témoigne sans doute d’une très bonne adaptation au milieu.
L’économie est fondée sur la pêche mais aussi la chasse et la cueillette autour d’un habitat très tôt sédentaire. Le chien est domestiqué dès 5000 avant.
Au cours de l’histoire du Jomon, des éléments de néolithisation apparaissent avec au Jomon moyen entre 3500 et 2500 avant les premières cultures probables de sarrasin et de millet. La culture du riz n’apparaissant en provenance du continent que vers 300 avant en même temps que le bœuf domestique.
L’Océanie connaît une évolution particulière en raison des grandes modifications récentes des terres émergées. Imaginez un continent gigantesque de la Tasmanie au sud jusqu’à la Papouasie – Nouvelle Guinée au nord, au moment de la dernière glaciation et que l’on appelle Sahul.
Dans ces régions, le travail du bois est attesté par le développement de Haches et de herminettes il y a 25 à 30000 ans. Parallèlement des navigations sont attestées qui ont couvert des distances de 160 à 240 km parfois, c'est-à-dire des navigations hauturières bien différentes d’un simple cabotage.
La consommation végétale y est plus développée qu’ailleurs dans le monde avec des vestiges de préparation de plantes pour la consommation dès 28000 à 20000 ans.
A l’holocène la Tasmanie, l’Australie et la Nouvelle Guinée sont séparées par la remontée du niveau des mers. Tasmanie et Australie vont rester à l’écart de la Néolithisation.
Une forme d’horticulture se développe probablement dès 7000 avant sous la forme de fossés de drainage creusés, des bêches en bois et des bâtons à fouir, en Nouvelle-Guinée.
Pendant ce temps, il y a 7000 ans, des marins horticulteurs se répandent à partir du sud-est asiatique : il s’agit de peuples possédant une céramique cordée, des poules, cochons, chiens et cultivant le riz et le millet. La Papouasie – Nouvelle Guinée voit l’introduction du porc dès 4500 avant qui devient abondant vers 4000.
La diffusion du peuple de l’Océan, les Lapita, dont l’origine précise est inconnue, constitue une autre phase importante pour la région. Ils apparaissent dans l’archipel Bismark il y a environ 3500 ans et diffusent dans un grand nombre d’îles en couvrant des distances de près de 800 km : Vanuatu, Fidji, Samoa, et Nouvelle-Calédonie. Ceci semble lié au développement d’une marine à voile assez importante.
Les lapita possédaient aussi l’une des plus belles céramiques de la fin de la Préhistoire.
Comme pour les autres régions du monde, la néolithisation de l’Amérique est encore l’objet de nombreuses recherches.
Plusieurs foyers de néolithisation y ont été observés dont deux importants : les Andes en Amérique du sud et la Mésoamérique, mais de grandes régions demeurent inexplorées ou presque concernant cette problématique.
Pour l’Amérique du sud, c’est surtout des régions andines que nous pouvons parler en raison d’un travail déjà ancien et important.
Les régions de forêts, l’Amazonie en particulier, demeurent méconnues mais on peut probablement y trouver l’origine de la domestication du manioc par exemple et la plus ancienne céramique du continent dès 5000 avant sur le site Taperinha au Brésil.
Mais de l’autre côté des Andes, sur la côte pacifique, une fois encore, c’est la sédentarisation de groupe de pêcheurs-collecteurs qui précède ou qui ouvre la néolithisation.
Le long de la côte occidentale, désertique, de l’Amérique du sud des villages de pêcheurs sédentaires apparaissent sans doute dès 6000-5800 avant, avec le site de Las Vegas au sud de l’Equateur. Mais aussi au nord du Chili en bordure du désert d’Atacama (l’un des plus arides du monde) au mêmes époques. Et enfin celui de Paloma au centre de la côte péruvienne vers 5000 où l’on trouve une forme d’horticulture dans les dernières phases vers 3500-3000 avant.
Mais l’agriculture n’apparaît pas sur la côte, désertique et occupée par des pêcheurs collecteurs, mais dans la Cordillère, dans la montagne.
Dans plusieurs niveaux successifs de la grotte de Guiterrero à 2600 m d’altitude : plusieurs plantes ont été découvertes et considérées comme domestiques par les botanistes : du piment (entre 8600 et 8000), des Haricots (entre 7000 et 6000), puis du maïs (peut-être dès 5500) et des courges vers 4000. Mais il s’agit ici d’un site occupé par des chasseurs-collecteurs non sédentaires.
Plus au sud, dans le bassin d’Ayacucho, on signale des cucurbitacées cultivées entre 5700 et 4300 avant.
Dans le nord du Chili, à Tiliviche on signale du maïs cultivé vers 5000 avant.
Les datations les plus hautes sont parfois contestées mais un certain consensus est proposé pour une agriculture développée dès au moins 5000 avant dans cette grande région des Andes.
Les plus anciennes pommes de terre cultivées proviennent du site de Huaynuna (côte centrale du Pérou) et datent seulement de 2000 avant.
Seules 4 espèces animales sont domestiquées dans ces mêmes régions.
Il s’agit tout d’abord de deux espèces de lama (la vigogne et le Guanaco) qui donneront comme espèces domestiques l’Alpaca et le Lama, premiers à être domestiqués, du canard musqué domestiqué à une date encore inconnue et du Cobaye (ou cochon d’Inde) domestiqué vers 500 avant probablement (et pas comme animal de compagnie, bien évidemment).
Concernant les camélidés, le plus anciens sites où la domestication est attestée est l’abri de Telarmachay à 4400 m dans la Puna du centre du Pérou. D’abord chassé indifféremment à partir de 7500 puis presque spécifiquement entre 4800 et 3700 avant, le lama est probablement domestiqué dès 3000 avant et l’élevage est attesté à partir de 2500.
J’ai parlé tout à l’heure de l’ancienneté des céramiques amazonienne vers 5000. D’autres céramiques apparaissent assez anciennement vers 3500-3200 sur la côte caraïbe de la Colombie avec les sites de Puerto Hormiga, Monsu, Puerto Chacho, et la côte sud de l’Equateur à Valdivia vers 3200 et vers 2800 au Venezuela à Rancho Peludo. L’origine de ces différentes céramiques est encore inconnue.
Les hypothèses en vogue proposent une invention non unique mais « plurilocale » en Amazonie.
La céramique n’atteint l’aire andine qu’à partir de 1800 avant notre ère.
En Mésoamérique, la Néolithisation est probablement un processus très lent qui s’étale sur 5 à 6 millénaires entre les premières manipulations d’espèces végétales et l’apparition de communautés villageoises et de la céramique.
Car, dans le cas de cette région, autour du Mexique pour faire simple, la sédentarisation et la céramique sont des éléments tardifs de la Néolithisation.
En fait, comme sans doute pour les Andes, le premier problème est que les plus anciennes traces de manipulations de végétaux proviennent des Hautes Terres arides qui en ont permis la conservation mais qui n’étaient sans doute pas le lieu le plus propice aux développements de l’agriculture.
Il faut alors penser que ce processus a pu débuter antérieurement dans les basses terres où il ne peut plus être observé en raison de la disparition des vestiges.
Les premiers éléments d’une horticulture dateraient de la phase El Riego (8000 à 5800 avant notre ère), dans la vallée de Tehuacan.
Il s’agit d’amarante, d’avocat, de piment et de proto-maïs.
Alors que les premiers haricots réellement cultivés dateraient des alentours de 8000 avant notre ère.
Dans la même région, les premiers restes de maïs cultivé ont été datés entre 3640 et 2040 avant.
Pour les données les plus sûres concernant les phases anciennes : on connaît dans la vallée de Oaxaca une série de grottes et abris où apparaissent les premiers éléments domestiques (des graines de cucurbitacées) à partir de 7500 à 6200 avant notre ère.
Dans ces régions l’habitat permanent n’apparaît sans doute pas avant 3000 avant notre ère.
En Amérique du Nord, la situation est encore plus mal connue et très contrastée d’une région à l’autre.
La sédentarisation semble apparaître au nord-ouest le long de la côte et sur le plateau intérieur vers 3000 avant notre ère, mais au sein de peuple pêcheurs-chasseurs-collecteurs.
Dans la région des grandes plaines, la tradition de la chasse au bison se perpétue bien après la fin de la dernière ère glaciaire et ce n’est que vers le Xe – XIe siècle de notre ère que la tradition village des plaines voit apparaître l’horticulture et l’agriculture à partir des terres forestières de l’Est.
La Californie ne passera à l’agriculture qu’encore plus récemment, bien après avoir connu la sédentarisation et la céramique.
Le sud-ouest connaît un développement particulier avec l’arrivée de plantes cultivées en provenance de Mésoamérique dès le VIIIe millénaire peut-être, sans doute un peu plus tard. Elle se double d’une augmentation de la population, d’une sédentarisation importante et de l’introduction de la céramique.
L’ensemble de ces transformations est appelé culture de Cochise.
Les Anasazi, à partir du 1er siècle, puis les Pueblos à partir du VIIe siècle vont développer des villages parfois impressionnants que découvriront les colons européens.
L’est des Etats-Unis, les régions forestières voient le développement de l’agriculture à des époques diverses mais relativement tardives, en fonction de poussées en provenance de Mésoamérique.
La céramique s’y développe aussi ainsi que des monuments funéraires importants et de grands habitats permanents organisés.
Je laisse de côté l’histoire très intéressante des régions du nord qui, en fonction des conditions environnementales, ne connaîtront jamais la néolithisation.
Nous avons donc aperçu rapidement ici des « Foyers de néolithisation » attestés ou supposés :
Je vous rappelle ces foyers primaires :
- L’Afrique saharienne
- La Chine (en réalité peut-être plusieurs foyers)
- L’Amérique du sud (les Andes, et peut-être l’Amazonie)
- La Mésoamérique (le Mexique actuel)
- et le Proche Orient que nous verrons un peu plus en détail dans un cours spécifique.
Il s’agit donc de régions pionnières pour le développement de l’économie de production.
A partir de ces foyers primaires, le mode de vie néolithique se répand, se diffuse, parfois très rapidement, parfois plus lentement à de nombreuses régions.
La néolithisation s’est ensuite étendue, à partir de ces foyers indépendants à de très nombreuses régions.
Mais, car il y a toujours un mais quelque part, retenez d’une part que cette diffusion du Néolithique ne s’est pas faite partout (exemple des chasseurs-collecteurs nomades actuels)
Et d’autre part, qu’elle s’est faite selon des modalités différentes selon les régions. Ce que nous verrons plus en détail par l’exemple des courants de néolithisation en Europe.
Un point commun va aussi caractériser les principaux foyers de néolithisation dans le monde, au Proche-Orient, en Chine, en Afrique du nord-est, dans les Andes et en Mésoamérique, c’est l’engrenage, la succession rapide, de la sédentarisation et de l’économie de production, puis du développement de la métallurgie, d’une urbanisation précoce avec l’apparition de réelles villes, de grands monuments publics (politiques ou religieux) et l’apparition d’Etats, des comptes puis de l’écriture… Toutes choses qui ont forgé nos civilisations actuelles. |